

Au départ, une rencontre. Celle de Yannick, ingénieur à la retraite, et de Serge dit « Le Gaulois », un ancien marin pêcheur devenu SDF. Nous sommes en 2005, le second tient la porte de ce parking de Nantes où le premier a ses habitudes. Les deux hommes échangent un bonjour, puis quelques mots, puis se mettent à discuter. Un jour, le SDF évoque l’un de ses compagnons de galère, récemment décédé : « Ça me fait chier de voir mes potes crever comme ça… les mecs se font enterrer avec moins de considération que des chiens ! Personne ne vient chanter à leur enterrement ». Yannick propose à Serge de relever le défi : une chorale par et pour les gens de la rue.
C’est ainsi que tous les mardis, à 13h, des personnes ayant tout perdu ont commencé à se retrouver pour… chanter. La seule condition pour participer ? Ne pas avoir bu avant. Au départ, le répertoire est simple : il s’agit d’entonner « L’Auvergnat », l’hymne à la fraternité de Brassens, devant la dépouille de ceux qui seront inhumés, anonymes, dans le carré des indigents. Puis le répertoire s’étoffe. Aujourd’hui, la chorale Au Clair de la Rue ( lien : http://www.choraleauclairdelarue.com ) a même ses propres chansons et effectue des concerts. L’idée est maintenant reprise dans d’autres villes.
La photographe Sophie Brandstrom (site : http://www.signatures-photographies.com/vitrine/fr/news/la-chorale-au-clair-de-la-rue-sur-le-chemin-vers-rome ) suit les personnes de Au Clair de la Rue depuis de nombreuses années. De son compagnonnage avec les choristes, une série de portraits dans un lumineux noir et blanc est né. « Ce qui me frappe, dit-elle, c’est le lien qui se crée et la dignité retrouvée. La façon dont les chanteurs retrouvent par leurs propres moyens le sens de leur valeur ».
Au Clair de la Rue fera le voyage à Rome, en compagnie de Sophie Brandstrom.