

Comment êtes-vous entrée dans le projet Fratello?
J’étais à la coordination de Diaconia 2013 [une démarche sur trois ans lancée le 10 janvier 2011 par plus de 100 mouvements, services d’Église et congrégation religieuses pour permettre aux plus fragiles d’être véritablement au cœur des communautés catholiques, NDLR] et, déjà, il y avait eu en 2013 ce pari de faire un rassemblement à Lourdes non pas pour parler des plus pauvres, même avec les meilleures intentions, mais avec eux. Dans la foulée, nous avons été sollicité pour créer une association, Participation et Fraternité, dont le but est de permettre aux personnes en situation de précarité de prendre la parole et de participer véritablement à la réflexion sur l’organisation de la société de de l’église. Nous avons l
a joie de collaborer avec RCF pour une émission unique « Vous avez dit fragile ? », que vous pouvez retrouver ici (https://rcf.fr/vie-quotidienne/vous-avez-dit-fragile) Fratello s’inscrivait donc naturellement dans une logique de continuité.
Avec un groupe de d’inscrits à Fratello – qu’on appelle Fraternité », vous avez imaginé le « livret de préparation du pèlerin » qui servira de support à tous ceux qui partent. Comment avez-vous procédé?
L’idée que nous avions, c’est que la Parole de Dieu parle à tous, croyants ou non, parce qu’elle parle de l’homme. Nous avons partagé autour de la parabole du Bon Samaritain, puis autour d’un psaume. Il y a vraiment une lecture de l’Ecriture que seuls ceux qui ont vécu la galère peuvent avoir. Dans notre petit groupe, par exemple, nous nous sommes longuement arrêtés sur la notion de « ravin » si présente chez le psalmiste. Pour ceux qui ont vécu la rue, ce qu’ils voient dans le ravin, c’est avant tout le fond de l’abîme, alors que pour les autres cela évoque d’abord quelque chose à franchir d’une berge à l’autre, dans une dynamique finalement bien moins négative. Ce cheminement veut nous permettre de comprendre ensemble ce que pouvait bien dire la miséricorde. Lors de la première réunion, l’un de membres du groupe nous a dit: « la misère, je connais. La miséricorde, je ne sais pas ce que c’est! » Trois réunions plus tard, il nous a confié: « En fait, la miséricorde, c’est ce qu’on s’est dit depuis le début de ce groupe, elle est dans nos vies de galère !« . Sur le parcours, chacun est invité à réfléchir: à la raison pour laquelle il veut se rendre à Rome, à ce qu’il a envie de dire au pape, ce qu’il a envie de demander à Dieu. Mais aussi à se mettre en position de l’écouter « en frère » !