

Quand j’ai vu l’invitation, j’ai cru à une blague. Je me suis dit c’est Surprise Surprise ! » Paul Georges n’en est pas revenu ; lui et ses amis du Poverello étaient invités par le Pape François à aller à Rome pour un pèlerinage !
Depuis près de 40 ans, le Poverello ouvre ses restaurants sociaux, dans toute la Belgique, aux personnes vivant dans la précarité. A cet accueil se sont progressivement ajoutés des lieux d’hébergement, des maisons communautaires dans les villes ou les campagnes de Flandres. Le Poverello a inventé la mixité sociale de la précarité. Chaque jour dans ses restaurants, se retrouvent des sans-abris, des personnes en situation de précarité, des sans domicile fixe, des solitaires en mal d’amis … Comme le dit Paul Georges « On arrive au Poverello en situation d’urgence avec nos besoins premiers à satisfaire mais on reste pour la chaleur de l’ambiance. » Au Poverello, les amitiés se nouent entre les personnes accueillies, avec les bénévoles… Chacun apprend ou réapprend à être une personne, un être en relation avec les autres.
Alors, un Festival européen de la Joie et de la Miséricorde, à Rome, à l’appel du Pape François, c’était un projet fait pour les amis du Poverrelo. Proposer un projet commun, se préparer à vivre ensemble quelque chose d’extraordinaire, mais ne pas le réduire à une parenthèse, à quelque chose de ponctuel. Faire de Fratello une locomotive pour quelque chose de plus essentiel et de durable!
Les journées de préparation, toujours à la campagne portent déjà des fruits. Les ami du Poverello ont découvert d’autres initiatives et des liens se sont tissés avec ce groupe d’étudiants qui organisent des goûters pour tous, ou encore cette communauté de religieuses brésiliennes.
Timothée, responsable de la maison de Bruxelles reconnaît que l’organisation d’un tel voyage n’est pas toujours facile. Les craintes succèdent parfois à l’enthousiasme. S’inscrire à Fratello signifie avoir ses papiers à jour, avoir fait le point sur ses problèmes médicaux. Il faut reprendre contact avec l’administration du pays d’origine, retourner chez le médecins pour faire soigner cette dent douloureuse. Timothée est impressionné par le nombre de pèlerins qui n’ont personne à inscrire dans la case « Personne à contacter ». S’inscrire à Fratello, c’est reconnaître que personne ne pense à vous…
Ces journées de préparation à la campagne sont l’occasion pour certains de renouer avec leur enfance, de retrouver des plaisirs oubliés dans la précarité urbaine. Timothée n’oubliera jamais la joie de cet homme qui ayant trouvé une vielle canne à pêche a séché tous les temps d’échange, sauf la messe pour aller tâter le goujon comme lorsqu’il était enfant. Il évoque avec beaucoup de délicatesse cette parole qui se libère dans les moments de partage, ses liens fragiles qui se tissent, ses personnalités qui se révèlent. Fratello, avant même le départ à Rome, apporte de l’air et de l’enthousiasme dans les vies quotidiennes. Fratello est « une belle occasion de devenir des animaux encore plus sociaux », comme le dit Paul Georges !
Car Paul Georges a décidé de tenter l’aventure et de partir en novembre à la rencontre du Pape. Pour cet homme aux faibles revenus, qui loge dans un des dortoirs de la maison bruxelloise du Poverello, ce voyage est une aubaine. Quitter Bruxelles et voir du pays, découvrir cette ville symbolique de Rome, un rêve qu’il ne s’était jamais autorisé.
Mais partir avec Fratello ce n’est pas seulement l’occasion de partir en voyage avec les copains. Fratello c’est d’abord un pèlerinage avec une même foi au cœur. Trois jours pour redécouvrir ce Dieu qui console et pardonne, trois jours pour apprendre l’Espérance… Paul-Georges n’est pas, comme il le dit, un fanatique mais il mettra sa foi dans sa valise. Certain, que ses bagages seront plus lourds au retour, il affirme qu’il rentrera « avec encore plus de foi. »
Une telle invitation, elle ne se refusait pas !
Alors comme disent les Belges, à tantôt !
Rendez-vous les 11, 12 et 13 novembre à Rome !